ENQUÊTE DE SENS
Né en 1977, à Rennes, diplômé de l'école supérieure d'architecture de Nantes, Philippe Paoli vit et travaille aujourd'hui à Lille. Sa production aborde toutes les échelles cherchant sans cesse l’équilibre périlleux entre l’altérité et l’altération, entre la réalité et la dystopie, entre la politique et la fiction, entre l'histoire et le mythe. Le moteur de sa production s'axe essentiellement autour de la narration spéculative.
C'est un artiste multidisciplinaire. Il peut produire des dessins, des peintures, des photographies, des vidéos, des sons, des volumes, des infographies, des architectures… l'essentiel n'étant pas pour lui la technique in fine mais la légitimité de l'œuvre produite face à un récit global et son contexte historique et géographique. Ses multiples productions plastiques sont en réalité les pièces à conviction d'un récit qui se construit au fur et à mesure des expositions et des résidences auxquelles il est invité.
Dès ses débuts, et notamment lors la présentation de son travail personnel de fin d'études à l'école d'architecture de Nantes, il combine l'image au récit. Il travaille sur des architectures aux usages dérangeants et les présente sous forme de photo-montages suffisamment réalistes pour qu'ils deviennent  des "photos-preuves", appuyant ainsi un récit qui se joue déjà de cette frontière devenue artificielle entre réalité et fiction. Ses travaux utilisant l'architecture comme média principal sont souvent décrits comme étant des dystopies, mais lui les considèrent comme des architectures spéculatives.
Cette prise de conscience de la toxicité du poids de l'image mélangeant les supposés vrai et faux l'amène à produire au delà de l'inanimé. Il crée alors un personnage énigmatique, voyageur spatio-temporel : Pépé Fozr, qu'il accepte volontiers comme un alter ego (le prénom de ce personnage, Pépé, correspondant à la phonétique des initiales de Philippe Paoli). Le nom Fozr a lui une résonance phonétique entre celle du faussaire et celle du "faux air inspiré" à travers le masque à gaz dont est pourvu Pépé Fozr depuis sa naissance. Ce personnage lui permet ainsi d'évoluer, masqué, pour épouser au mieux les mascarades complexes de notre société.
Dès lors, c'est tout un univers qui se déploie et chaque exposition devient un nouvel épisode d'une série à travers lequel son personnage se retrouve nécessairement impliqué d'une manière plus ou moins directe. Si les thèmes abordés sont multiples, la question du poids de l'image et de la représentation de concepts mystiques, religieux, scientifiques et politiques reste omniprésente. Au fil des monstrations, apparaîtront alors les Djinns, sorte de bétyles géantes qui font l'objet d'un culte à mystère, puis l'ORDR, une société secrète et tentaculaire à dérive ésotérique,...
En usant d'analogies et d'associations iconographiques lui permettant de revisiter certains pans de l'histoire de l'art, il propose, à la manière d'Aby Warburg, une sorte d'atlas mnémosyne venu d'une étrange dimension parallèle. Il s'interroge alors sur les multiples théories du complot et en adopte les codes et les comportements pour faire face à la crédulité et initier le doute. Selon lui, le doute se doit de dépasser tout forme de croyance. Le vrai et le faux ne sont que des choses relatives et manichéennes issues d'arborescences historiques et conceptuelles enchevêtrées dans une complexité souvent insondable. Il est ainsi facile d'utiliser n'importe quelle type de matière pour légitimer une forme de pouvoir: c'est la naissance des mythes et c'est bien aussi cela qui est évoqué dans le travail de Philippe Paoli.
Car oui, il s’évertue à créer un mythe post-moderne, un mythe déconstruit et complexe, miroir inversé d’une société crédule, assommée par les images et les médias, et noyant son temps dans le superflu. Pour éveiller les consciences et éviter de tomber dans le piège d’un cynisme larmoyant et réactionnaire, il préfère utiliser le ton d’une dérision iconoclaste, à la fois ludique, savante et pédagogique. Découvrir et partager l’univers de cet artiste est une quête de sens offerte à chacun.
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L'eau, miroir troublant | Artconnexion | Lille | 2022
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